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Sans les gens, ça sert à quoi le football ?


Non je n'ai pas changé


Cheick DIABATE né le 25 avril 1988 (31 ans) à BAMAKO (MALI) a débuté sa carrière en 2008. Sur 37 sélections internationales, il a marqué 15 buts comme avant centre.

Il n'a pas changé, il est resté tel qu'on l'a connu durant son passage au FC METZ pour la saison 2016-2017.


On est content d'avoir de vos nouvelles, on s'était demandé où il était passé Cheick DIABATE ?

"(Il sourit.) Cheick Diabaté est là, toujours là ! Je suis en Iran... Avec le coronavirus, tout est arrêté. Le football, les entraînements... "

Depuis combien de temps tout est arrêté en Iran ?

"Ça fait presque deux semaines (NDLR : L'interview a été réalisée le 17 mars dernier)...C'est calme. Je peux dire que ça fait peur... Moi j'essaie de rester à la maison le plus souvent possible. Je sors pour aller courir, mais tout seul, pour garder la forme... Au bout de trois ou quatre jours, on a envie de sortir un peu !"

La France est passée en confinement, est-ce la même chose en Iran ?

"... En Iran, les gens commencent à voir peur... Mais bon, il y en a qui le prenait au sérieux et d'autres qui s'en foutaient un peu... Je pense qu'ils auraient dû s'organiser un peu plus tôt."

Avez-vous réfléchi à la possibilité de partir ?

"J'ai envie de voir ma famille, de partir, c'est vrai. Je suis tout seul ici... Le pays est fermé... On n'a pas le choix, on est obligé de se protéger, de faire attention et de faire attention aux autres."

... comment s'est faite cette signature l'été dernier ?

"C'est l'entraîneur qui m'a fait venir : Andrea Stramaccioni, un coach italien... Au début, je n'étais pas motivé pour venir en Iran. J'ai fini par accepter car Esteghlal est une grande équipe ici, qui joue la Ligue des champions asiatique. Je me suis dit pourquoi ne pas essayer !


Pourquoi étiez-vous réticent à la base ?

"Sincèrement, je ne connaissais pas du tout l'Iran... Mais je ne connaissais personne qui pouvait m'expliquer comment les choses se passent en Iran. J'ai fait confiance au coach. Je me disais qu'avec lui, je n'allais pas me sentir tout seul."

C'était un grand saut dans l'inconnu...

"Oui, exactement... Je n'ai pas de regrets. J'ai commencé à jouer, à marquer... Il y a deux équipes à Téhéran : Esteghlal et Persepolis. La moitié (des supporters) pour l'une, la moitié pour l'autre... Ils m'aiment énormément ici, c'est incroyable (Il sourit.)... J'ai fini par m'adapter même si ce n'est pas comme si j'étais en France. Il y a une différence. J'ai aussi un ami iranien ici...Heureusement qu'il est là. Si ce n'était pas le cas, je ne sais pas si j'aurais pu tenir...C'est plus qu'un ami. Je connais ses parents, presque toute sa famille. Mais, malgré tout, la France me manque... Et, en plus, j'ai ma famille qui y habite. Parfois, même s'ils font des efforts pour me mettre dans les meilleures conditions, forcément on a envie de revenir."

« Ici, après la religion, c'est le football »

On connaît très peu, si ce n'est pas du tout le niveau de ce Championnat iranien. Présentez-le-nous...


"...Les Iraniens jouent bien au foot ! Le niveau m'a impressionné. Il y a de très, très, très, très bons joueurs... Après la religion, ensuite, c'est le football..."


Tout à l'heure, vous disiez ne pas vous sentir trop seul avec Stramaccioni : est-ce différent depuis qu'il est parti ?


"... Sur le plan sportif, je n'ai pas de regrets. Et quand ça se passe bien dans ce pays, c'est incroyable. Une fois, je devais voyager en France. Je suis parti à l'aéroport. Il y avait deux vols. Je me suis trompé, je suis arrivé avec du retard. Et quand on m'a vu à l'aéroport, ils ont tout fait pour me trouver une place alors que les portes étaient fermées. Ils ont appelé : "Le vol ne peut pas partir, Cheick doit y être." (Il sourit.) Ce sont des choses qui ne m'arrivent jamais, même quand je suis au Mali !"

Les Iraniens sont fans de vous !

"Oui, énormément, il faut venir pour voir !"

On va venir !

"Pas pour le moment, je préfère que vous restiez à la maison, ce n'est pas le bon moment."

"Je suis là pour jouer"


Cheick DIABATE a marqué 8 buts après 13 matchs de championnat et 3 buts en 2 matchs de Ligue des Champions Asiatique.


« J’avais besoin de connaître d'autres cultures »




"(Il rit.) Ils disent le lion en Iran. En Italie, c'était le monstre...Quand les gens sont contents, ils essaient de trouver un nom... à un moment donné, le football peut me permettre de voyager. J'avais besoin de connaître d'autres cultures, de connaître autre chose... Aujourd'hui, j'ai fait la Turquie, l'Italie, les Emirats, l'Iran... j'arrive à m'adapter partout. Je peux vivre partout... Beaucoup de supporters de l'autre équipe (Persepolis) m'aiment bien ... ils me demandent pourquoi j'accepte de discuter avec eux ? Je leur ai répondu : "Mais les gens, c'est le plus important. Sans les gens, ça sert à quoi le football ? Si les gens ne viennent pas au stade, si les joueurs ne sont pas sur le terrain ? Vous voulez que je joue tout seul ?." ...Aujourd'hui, je parle avec vous ...et, c'est bizarre, mais ça me fait du bien... C'est comme si on se connaissait depuis longtemps...j'ai l'impression de parler avec quelqu'un de la famille. J'arrive à dire ce que je vois ici, et grâce à vous, les gens peuvent aussi entendre ce que je dis. Donc, encore une fois, le plus important, ce sont les gens. Je me dis que je ne suis pas tout seul."

Il faut dire que, en France, vous avez laissé une image tellement sympa...

"Je sais, je sais (Il rit.). Après, c'est le respect. Il faut simplement respecter les gens et bien travailler, c'est tout. »"

interviewé par Timothé Crépin. France football

l'article dans son intégralité la

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